L’annonce

L’annonce est l’image mentale de l’impact prévu, obtenue par l’analyse du tir. Elle fait partie intégrante de la séquence de tir. Elle se met en œuvre spontanément, dans sa version la plus simple, dès la première séance de tir. Le tireur trouve qu’elle est « bien partie » ou qu’elle est « mal partie ». C’est l’annonce originelle. Elle est perceptible dès la première séance de tir.

Par la suite, l’analyse va aller en s’affinant et l’annonce va suivre le même chemin.

L’annonce est la représentation mentale d’un impact. Elle se décompose donc en deux composantes : La zone atteinte et la direction (un dix cordon à 3 heures par exemple).

Pour obtenir cette représentation mentale, le tireur intègre un grand nombre d’éléments susceptibles d’influencer la position de l’impact :
- La visée au moment du départ du coup. Le tireur compare l’image réelle qu’il a perçu avec l’image idéale et les images d’écarts auxquels il a déjà été confronté. Un entraînement à l’annonce consiste à faire des erreurs de visée volontaires pour en apprécier les conséquences en cible.

- La réaction de l’arme. Elle se compose de sa vitesse, de son amplitude et du point d’arrêt de cette réaction (l’endroit où l’arme se replace après le départ). Le tireur essaye de rendre cette réaction la plus régulière possible et comprend vite qu’une modification de celle-ci entraîne un déplacement des impacts en cible. Ceci s’explique par le fait que l’arme commence à réagir alors que le projectile n’a pas encore quitté le canon.

- Le réglage de son arme. Le tireur peut intégrer un réglage imparfait de son arme pour établir son annonce.

- Les éléments extérieurs : le vent, le mirage, une cible éclairée de manière irrégulière…

- Le déplacement de son arme pendant le départ du coup dans le cas du tir à 10m. Dans ce type d’épreuve, la réaction de l’arme est quasi nulle. Cependant la faible vitesse des projectiles permet de « rectifier le tir » alors que le plomb est d’ors et déjà en mouvement dans le canon.

Une annonce bien réalisée permet d’analyser la qualité intrinsèque de sa technique et de procéder à un réglage optimum de sa hausse.

Une annonce pessimiste est le signe d’une bonne concentration visuelle (on perçoit comme énorme un écart relativement faible en réalité).
A l’inverse, une annonce optimiste est le signe d’une concentration visuelle défaillante (on ne voit pas l’écart car on ne mettait pas en œuvre l’intention nécessaire pour assurer une bonne concentration visuelle, gage de stabilité posturale).

Eric BERTHILLIER

Le travail de l’annonce à l’entraînement

L’annonce est facile à travailler à l’entraînement. Il faut se munir d’une cible et de quelques objets (plombs, étuis 22LR ou autres). A chaque balle tirée, avant de regarder le résultat, on effectue le travail mental d’analyse de son tir et on positionne un objet sur la cible posée sur la tablette de tir. On ramène la cible (ou on regarde dans la lunette) et l’on compare le résultat avec son annonce.

La signature de votre arme ou la critique de la vibration pure.

Je n’évoque pas ici la marque de votre carabine et encore moins l’autographe du champion sur la crosse de votre arme. Cette notion est venue sur le tapis lors de la discussion avec un fort carabinier du T.O.S. qui venait me voir au sujet du réglage du compensateur sur sa Feinwerkbau P700. L’effet de compensation est crée par le mouvement d’un élément mécanique dans une direction opposée à celle du plomb. Pour une P700, le piston qui se déplace lors du départ du coup, dans le cylindre placé dans l’axe du canon, est muni d’un dispositif qui permet de modifier son frottement avec la paroi du cylindre. La vis est accessible par un trou dans le flanc de la culasse. Plus on visse, plus ça frotte, et plus on diminue la compensation (dans une certaine limite). On peut mesurer ce déplacement au départ du coup en ouvrant doucement la culasse. On sent alors, après une dizaine de millimètres de recul de la culasse, le piston être poussé par le recul de la culasse. C’est cette course sans mouvement du piston qui permet de mesurer la longueur de son déplacement. Après une ouverture complète de la culasse, le piston reprend sa position initiale.

Pour en revenir à notre problématique du moment, notre tireur venait d’essayer une autre carabine et était intrigué par l’absence totale de réaction au départ du coup. Il voulait à tout prix obtenir ce résultat sur sa propre arme. Après réglages, nous avions quasiment obtenu une réaction conforme à ses attentes. Une fois le tir repris, la déception est arrivée rapidement. Il était comme perdu, sans repères.

Cette introduction exposée, venons en à notre sujet. Votre arme a ce que j’appelle une « signature » réactionnelle ou vibratoire. C’est le même principe qu’une signature radar pour un avion, ou sonar pour un navire. Lors du tir, l’arme vous transmet de nombreuses informations perceptibles :

• Le décrochement de la détente, qui est perçu par l’index.
• Les mouvements engendrés par le départ du coup (percussion, mouvement des gaz et du projectile).
• Les vibrations générées par ces mouvements et le son du départ du coup (c’est aussi une vibration).

Ce sont ces éléments qui permettent au tireur de positionner précisément le départ du coup dans le temps qui s’écoule, et très exactement le moment où le projectile quitte les rayures du canon. Ce repère est essentiel pour l’analyse par le tireur de son tir et l’annonce qui en résulte. En effet, notamment à la carabine 10m, on peut ressentir le décrochement de la détente dans le « 9 » et percevoir la sortie du plomb face au « 10 ». Cette finesse de perception n’est possible qu’avec une grande connaissance de la « signature » réactionnelle de son arme.

Dans notre cas pratique, le tireur ne percevait plus ses repères habituels. Sa qualité d’annonce s’en est trouvée nettement dégradée.

Parmi les éléments qui peuvent modifier la « signature » de votre arme, voici les principaux : réglage du compensateur, réglage du débit d’air, réglage de la percussion, diamètre de plomb, équilibrage de l’arme, type et lot de munitions. Un changement parmi ces aspects techniques n’est donc pas sans conséquence. Dans le cas d’une modification, il convient de reprendre ses marques avec son arme, avec plusieurs séances de tir. C’est par exemple le cas lorsque l’on change de munitions 22LR entre l’entraînement et le match.

Eric BERTHILLIER